Me revoici, devant là où la terre, la mer et le ciel s’embrassent ; me revoilà à la croisée des souffles des vents, dont la danse sur ces lares chasés, dessinant sans cesse sur sables d’amoureuses vimaires, embrase mon coeur du rire d’Eulalie — jadis mère-amante d’un vert aède, qui hui est son musée. Sur la ligne de l’horizon, mille nuées d’anse, et irisées via camarguaises allées du char solaire, s’écumaient au bruit de balsamaires merguntur en une pléiade de bris. Telle une armature, l’isle Ouessant... ses sternes, et graciles dauphins d’Électre... marmonnaient la geste de voyage de ma vierge mie. Je me tournai vers la station : Elle ; là, en spectre, marchait ; sa chair devenue maërl dans la nuit.
Argument
En bord de mer, un jeune poëte contemple les ébats des éléments sur la ligne de l'horizon. Les vents cardinaux, à leur fête — et avec les flux et reflux de la marée —, façonnent sans trêve d'imprévisibles courbes sur le sable, demeure éternelle des esprits des anciens riverains.
Dans le reflet du soleil*, une couvée d'immenses nuages s'abat sur la baie, comme au son du fracas de balsamaires (urnes pour cendres funéraires, sous la Rome antique, aussi usitées afin de capturer des parfums et onguents) brisés puis coulés par les flots.
À ce spectacle naturel se mêle le souvenir de la dulcinée. L'île tout entière, des oiseaux aux mammifères marins, semble murmurer aux héros une élégie au regret de la muse allée. Tournant le dos au rivage, dans les lumières de la plage, il voit une apparition surnaturelle : le fantôme aimé, comme en écho aux chants lyriques des animaux, marchant au cours de l'eau, et dont la peau est désormais halo de poussière bioluminescente qui s'envole dans la nuit. Cette femme se prénommait Eulalie, "celle qui parle avec grâce" ; peut-être, à la manière de l'inspiration créatrice d'une muse, adressait-elle de par son apparence un beau message à son orphelin aimé. Le con immaculé, il paraîtrait qu'elle et l'élu de son sœur n'aient jamais consommé leur union. Selon les indications des deux premiers vers, l'on comprend que le narrateur revient, comme dans un rituel, comme d'un pèlerinage, une énième fois sur ces lieux. Ceux du drame ?
*Les nuages épousent, dans des gemmes arc-en-ciel, l'éclat du pelage des chevaux conduisant le char céleste d'Apollon (ou Hélios, dieu-roi Soleil ), en course au galop dans le jour déclinant. À la strophe suivante, les dauphins d'Électre sont par ailleurs un rappel mythologique au Musagète — ce dernier ayant été particulièrement proche d'Électre, et de ses frère et sœur Oreste et Iphigénie.
Une Vision de l’Horizon est le nom de l’un des recueils de poésie d’adolescence d’A.J.B. Minime Jr. (miscellanées et oeuvres de jeunesse : World Of Desire, Une Vision de l’Horizon, Ange de la Lune).
Monica Bellucci en bord de mer.
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