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Lango na mo Bangi... Bangui... mourir avec toi

« Aux âmes silence échouées

Dans les limbes de la fureur

Des coeurs honnis procureurs

De leurs frêles peines inavouées

Dire Bangui, telle que connue

La bel-amie et coquette »


****

(…) Je navigue et le sais mais

ne veux surtout guère perdre rien

du sel — mon asile saurien

où baigne toujours le plumet

de mon enfance guillemets,

féerie, chant grégorien

La rumeur de la ville sonne

au lointain rivage du corps

me retenant au décor

des autres qui ne sont personne,

qui teinte en écho : klaxon,

cocorico…pas raccord

Je me repose toujours dans

mes draps si chauds des ébats

de moi’s-à-moi-même, véga

aux bras et aux jambes grondants

sur le lit frêle se tordant

malmené de tels dégâts

C’est dimanche, c’est jour de messe

la famille ma mère entre vient

à la porte de cet antre mien

chambre où je suis seul Hermès

car y vit la feu-faunesse

de mon désir diluvien

L’on me dit qu’il faut sortir

oui tout est prêt pour l’église

déjà le thé fume alise

alarme pour dire d’envenir :

aux lève-tôt l’avenir

sinon, l’on se scandalise

Et moi qui n’aime pas l’église

je m’y résous malgré tout

pour avoir la paix sans coût

je n’ai l’heur qu’on se le dise

ni les saisons d’an requises

pour la fuir, en haïku

Bangui, mie, ainsi soit-il :

Ces matines, venir en vie (…)


****

Nuit étoilée

Mouvement deux : Lamentations (2019)

Au Grand-frère, Prince des Poëtes

Marc Alexandre Oho Bambe

qui a mis les lumières sur Oujda

Poëme extrait du recueil Comme une lettre à ton ombre (2021)

A.J.B. Minime Jr.


Dans l’huile noire de ton regard fils

Défilent en amont les âges moires

Comme un rappel de toutes ces fois

Lorsque tu étais encore toi

Et qu’alors la furie des armes

Ne se mêlait pas aux ballades

Elle qui grave dans l’insondable âme

D’un enfant des océans de larmes

Et des ouragans de regrets

Le courage de courir pour ne

Pas mourir la rage de survivre

Fuir à l’envi naviguer entre

Ces comètes qui tombent en cratères

Au milieu des cris ici-là

Tout près le même chant aux oreilles

D’espoirs qui se meurent en une heure

Au rythme d’une marée effacent

La brève histoire d’une vie entière

Allée dans le sang le silence

La poudre d’un soir couleur vermeil

Vois comme tout se finit mon fils


****


L’Aumône du désespoir… Sonnets (2012)

Na Bangi (en Sängö : pour Bangui)

Mbati siriri (en Sängö : pour la paix)

Avec Siegried Bahaba et Muriel Malus

Lauréat de l'Académie française en 2012

Un groupe d’enfants sourit, édentés et chétifs

Ils jonchent ces bars puant la bière et la misère

Ils jouent dans ces allées, suffoquent dans la poussière

Leur mère ne les voit plus, son œil est maladif


Au kilomètre cinq, les véhicules pullulent

Au creux des caniveaux, les hommes prolifèrent

Ignorant ces enfants qui de leur âme amère

Tentent une belle incartade, oubliés dans leur bulle.


Et de ces êtres affreux émane une folie

Qui me fait lentement dériver telle une ombre

Abandonnée fuyant la rumeur et le bruit


Où trouver le refuge ? Où fuir dans cette nuit ?

Où trouver cette nuit ? Où fuir dans ce refuge ?

Où trouver cette fuit’ ? Où fuir dans cette nuge ?

Une photographie de Camille Lepage. Ici, au Soudan, en 2012.

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