« Aux âmes silence échouées
Dans les limbes de la fureur
Des coeurs honnis procureurs
De leurs frêles peines inavouées
Dire Bangui, telle que connue
La bel-amie et coquette »
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(…) Je navigue et le sais mais
ne veux surtout guère perdre rien
du sel — mon asile saurien
où baigne toujours le plumet
de mon enfance guillemets,
féerie, chant grégorien
La rumeur de la ville sonne
au lointain rivage du corps
me retenant au décor
des autres qui ne sont personne,
qui teinte en écho : klaxon,
cocorico…pas raccord
Je me repose toujours dans
mes draps si chauds des ébats
de moi’s-à-moi-même, véga
aux bras et aux jambes grondants
sur le lit frêle se tordant
malmené de tels dégâts
C’est dimanche, c’est jour de messe
la famille ma mère entre vient
à la porte de cet antre mien
chambre où je suis seul Hermès
car y vit la feu-faunesse
de mon désir diluvien
L’on me dit qu’il faut sortir
oui tout est prêt pour l’église
déjà le thé fume alise
alarme pour dire d’envenir :
aux lève-tôt l’avenir
sinon, l’on se scandalise
Et moi qui n’aime pas l’église
je m’y résous malgré tout
pour avoir la paix sans coût
je n’ai l’heur qu’on se le dise
ni les saisons d’an requises
pour la fuir, en haïku
Bangui, mie, ainsi soit-il :
Ces matines, venir en vie (…)
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Nuit étoilée
Mouvement deux : Lamentations (2019)
Au Grand-frère, Prince des Poëtes
Marc Alexandre Oho Bambe
qui a mis les lumières sur Oujda
Poëme extrait du recueil Comme une lettre à ton ombre (2021)
A.J.B. Minime Jr.
Dans l’huile noire de ton regard fils
Défilent en amont les âges moires
Comme un rappel de toutes ces fois
Lorsque tu étais encore toi
Et qu’alors la furie des armes
Ne se mêlait pas aux ballades
Elle qui grave dans l’insondable âme
D’un enfant des océans de larmes
Et des ouragans de regrets
Le courage de courir pour ne
Pas mourir la rage de survivre
Fuir à l’envi naviguer entre
Ces comètes qui tombent en cratères
Au milieu des cris ici-là
Tout près le même chant aux oreilles
D’espoirs qui se meurent en une heure
Au rythme d’une marée effacent
La brève histoire d’une vie entière
Allée dans le sang le silence
La poudre d’un soir couleur vermeil
Vois comme tout se finit mon fils
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L’Aumône du désespoir… Sonnets (2012)
Na Bangi (en Sängö : pour Bangui)
Mbati siriri (en Sängö : pour la paix)
Avec Siegried Bahaba et Muriel Malus
Lauréat de l'Académie française en 2012
Un groupe d’enfants sourit, édentés et chétifs
Ils jonchent ces bars puant la bière et la misère
Ils jouent dans ces allées, suffoquent dans la poussière
Leur mère ne les voit plus, son œil est maladif
Au kilomètre cinq, les véhicules pullulent
Au creux des caniveaux, les hommes prolifèrent
Ignorant ces enfants qui de leur âme amère
Tentent une belle incartade, oubliés dans leur bulle.
Et de ces êtres affreux émane une folie
Qui me fait lentement dériver telle une ombre
Abandonnée fuyant la rumeur et le bruit
Où trouver le refuge ? Où fuir dans cette nuit ?
Où trouver cette nuit ? Où fuir dans ce refuge ?
Où trouver cette fuit’ ? Où fuir dans cette nuge ?
Une photographie de Camille Lepage. Ici, au Soudan, en 2012.
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